Dès qu’il a été annoncé que la Série de la rivalité prendrait fin sur la
côte Est cette année, Ryan Francis s’est aussitôt mis à brasser des idées.
« Nous avons vu qu’il y avait là une occasion d’offrir une tribune aux
joueurs et aux joueuses de hockey ainsi qu’aux personnes autochtones afin
que leurs expériences soient connues du public dans un contexte et un milieu
bien précis », raconte Francis, qui occupe un poste de stratège des
activités sportives, récréatives et physiques au sein du gouvernement de la
Nouvelle-Écosse.
C’est ainsi qu’est né le mini-sommet sur le hockey autochtone. En partenariat avec le collectif Mi’kmaw Kina’matnewey, la Confederacy of
Mainland Mi’kmaw, le Mi’kmaw Native Friendship Centre et le Fonds
commémoratif Genevieve-Francis, le mini-sommet
d’une demi-journée comportait trois segments avec des joueuses autochtones,
dont la défenseure de l’équipe nationale féminine du Canada, Jocelyne
Larocque (Métisse), et une conférence de l’ancienne joueuse de USA Hockey,
Sydney Daniels (Crie).
« En tant que femme autochtone, je trouve ça important que de jeunes filles
autochtones puissent voir des femmes qui leur ressemblent vivre leur rêve
tout en s’amusant et en travaillant fort, confie Larocque. Je tiens à
propager ce message auprès des jeunes de partout dans le monde. »
Lorsque Francis a approché Larocque pour lui offrir la chance de prendre
part au mini-sommet, elle a accepté volontiers. Non seulement Larocque a
participé à une séance de questions, animée par Kenzie Lalonde de TSN, mais
elle a également pris le temps de rencontrer des participantes du Programme
de hockey pour les filles autochtones de Hockey Nouvelle-Écosse après le
match n o 6 de la Série de la rivalité à Halifax.

La représentation est importante aux yeux de Larocque. Chaque fois qu’elle
peut redonner à sa communauté ou faire part de ses expériences dans le but
d’inspirer les autres, elle le fait.
« C’est vraiment important que les hockeyeuses professionnelles jouissent
d’une visibilité et que les jeunes filles nous voient gagner notre vie en
pratiquant ce sport, rappelle Larocque. Lorsque j’étais jeune, ce n’était
pas le cas. C’était la même réalité pour bon nombre de mes coéquipières. Je
vais assurément toujours militer pour favoriser l’inclusion, la diversité et
l’équité, que ce soit au hockey ou ailleurs. »
Le mini-sommet a également laissé place à des conversations informelles avec
des conférenciers et conférencières, comme Larocque. Jordan Dawe-Ryan se
souvient d’une petite fille qui a déjeuné à côté de Larocque avant le début
de l’événement, profitant de l’occasion pour poser des questions à la
défenseure d’expérience.
« Sa joie était évidente au fil de la discussion », commente Dawe-Ryan,
coordonnateur communautaire à la vie active au Mi’kmaw Native Friendship
Centre. « Avec toute la vague de succès que vit le hockey féminin partout
dans le monde en ce moment, c’est magique qu’elles aient pu s’asseoir
ensemble, comme deux amies, de parler d’elles, de leurs objectifs et de leur
parcours. »
Erin Denny, joueuse de cinquième année de l’Université St. Mary’s, a
participé à une table ronde des joueurs et joueuses micmacs lors du
mini-sommet. L’athlète de 23 ans sent qu’elle est devenue un modèle au fil
du temps et embrasse ce rôle avec fierté.
« Tandis que ma carrière de joueuse tire à sa fin et que j’amorce une
transition vers un rôle d’ambassadrice, je crois qu’il est vraiment
important que je puisse faire connaître mon histoire et que je donne mon
opinion sur divers sujets pour que les jeunes autochtones goûtent davantage
au succès », explique Denny.

À l’instar de Larocque, Denny affirme que la représentation peut ouvrir des
portes aux jeunes autochtones et que le fait d’avoir des modèles de ces
communautés peut faire une grande différence dans la vie de ces jeunes.
« Je sens que je peux faire une énorme différence pour ces jeunes,
considérant que je viens d’un groupe minoritaire, puisqu’ils et elles
peuvent s’inspirer de quelqu’un qui a une vie et des défis similaires aux
leurs, lance Denny. C’est très important que je continue de faire connaître
mes expériences et que les jeunes puissent me poser des questions et me
demander des conseils. »
D’autres événements ont été organisés en marge du mini-sommet, notamment un
souper pizza et une soirée de création d’affiches au Friendship Centre,
avant le match de la Série de la rivalité. Le Friendship Centre a également
fourni des ensembles de purification par la fumée pour les prix de Joueuse
du match à Halifax. Malgré des pannes de courant en raison d’une tempête
hivernale le matin du mini-sommet, l’événement a été un énorme succès.
« Il est important de forger un milieu pour que tout le monde se sente en
sécurité et à l’aise, ce qui laisse place à des discussions et à des
perspectives qui ont un grand impact et qui favorisent des discussions parmi
les personnes qui prennent des décisions », explique Francis.
Étant donné le fort taux de participation à l’événement, les membres du
comité organisateur parlent déjà d’en organiser un autre. Cette fois, ce
serait un sommet complet qui pourrait se dérouler sur plus d’un jour.
« On va tenir une autre édition que nous espérons encore plus importante et
améliorée, mentionne Dawe-Ryan. Nous voulons offrir plus d’occasions,
prendre les moyens pour ouvrir davantage les autres sur notre culture et
forger des milieux sécuritaires où les gens peuvent interagir, se mobiliser
et demeurer pleinement authentiques et vulnérables. »