Seulement 35 kilomètres séparaient
Philippe Collette
de
Marco Martin
au Nouveau-Brunswick  lorsqu’ils étaient jeunes. Philippe vient de
Saint-Antoine, un village au nord  de Moncton, où Marco a grandi.
Coéquipiers pour une quatrième saison de suite, une  troisième avec le
Blizzard d’Edmundston
de la
Ligue de hockey junior  des Maritimes
(LHM) où ils évoluent sur un même  trio, les deux se connaissent depuis sept
ans.
Si Philippe est un habitué de la feuille de pointage,  ce qui lui a valu le
titre de
Joueur de l’année dans la LHM
cette saison, Marco est un joueur qui s’impose davantage par son style très
robuste, même s’il est tout aussi capable de contribuer offensivement.
« Philippe c’est un très bon joueur, un très bon  capitaine pour nous autres
», commente Marco, un ailier droit de 21  ans qui complète son parcours
junior cette année. « Il donne toujours son  100 % sur la glace et hors de
la glace. Si quelque chose se passe mal pour  toi, il est toujours le
premier à venir te voir. »
« Marco c’est un gars travaillant qui battle fort  dans les boards, un
gars physique et un bon leader » raconte  Philippe, un ailier gauche, dans
son plus bel acadien. « On joue sur la  même ligne et on se trouve
facilement sur la glace. »

Deux leaders appréciés par le personnel entraîneur, Philippe (à gauche) a été nommé capitaine en juin dernier, et Marco (à droite) porte un « A » sur son chandail. (Erica Perreaux / Hockey Canada Images)
Après avoir gagné (contre toute attente!) la
Coupe TELUS 2022
ensemble à  Okotoks, en Alberta, après un parcours parfait de 7-0-0 avec les
Flyers de Moncton
au niveau  M18 AAA, les deux fiers Acadiens ont une chance de décrocher un
autre titre  canadien pour une équipe de leur province natale.
Cette fois, c’est à la
Coupe du centenaire, un trophée jamais  remporté par un club du Nouveau-Brunswick.
Le Blizzard a obtenu sa qualification pour le tournoi  national, qui réunit
neuf équipes championnes et un club hôte de la
Ligue de hockey junior  canadienne
(LHJC) du 8 au 18 mai à Calgary, après  avoir absolument tout cassé cette
saison dans la LHM.
« Notre équipe ne lâche jamais, déclare Philippe.  Dans n’importe quelle
situation. On peut faire jouer n’importe quel joueur, et  il va faire le
travail. Et notre coach Simon nous pousse tous à devenir
meilleurs. »
Edmundston,
dirigée de main de maître par l’ancien joueur professionnel Simon
Olivier, a maintenu un dossier de 44-6-2 en saison régulière,  bon pour le premier
rang de la ligue, avant de ne subir qu’un seul échec en 13 parties  lors des
séries éliminatoires.
La troupe de la petite ville de près de 20 000 personnes  a même terminé
première au pays au
classement de fin de saison de la LHJC.
Et ce n’est pas le seul classement que le Blizzard a dominé.
Aucun autre club au Canada n’a maintenu une aussi  bonne moyenne
d’assistance qu’Edmundston en saison régulière. Les locataires du
Centre Jean-Daigle
ont attiré
des foules de 2 376 personnes par match,  étant la seule équipe à avoir une moyenne supérieure à 2 000 dans
l’ensemble du Canada. Et cette moyenne a grimpé à 2 653 en séries.
Des statistiques qui sont loin de laisser Marco et  Philippe indifférents.

Les joueurs du Blizzard ont eu l’appui de leurs partisans et partisanes
tout au long de la saison et des séries dans leur magnifique aréna, qui
a  ouvert ses portes en 2017.
(Percy Picard / Blizzard  d’Edmundston)
« Quand j’ai été repêché ici, je m’en suis fait  parler des partisans »,
témoigne Marco, qui a été le tout premier choix de  la LHM en 2022. « Même
si on joue mal, ils sont toujours derrière  nous. C’est vraiment cool de
jouer devant de grosses foules comme ça! »
« C’est vraiment l’fun, ils sont comme un  septième joueur sur la
glace, et il y a de l’ambiance à l’aréna. C’est plein ici  même un mardi
soir en saison, ça nous donne une bonne énergie sur la glace »,  raconte
Philippe.
Il a déjà été annoncé par l’équipe avant le tournoi  que plusieurs feraient
le voyage vers Calgary pour appuyer ceux qui les ont  fait vibrer pendant
toute la saison.
Et avec ce deuxième voyage vers l’Ouest en trois ans  pour Philippe et
Marco, il est tout à fait naturel pour eux de replonger dans  leurs
souvenirs de 2022.
Une conquête improbable
À la 46 e édition de la  Coupe TELUS il y a trois ans, Moncton
est devenue seulement
la deuxième équipe de l’Atlantique
(et la première du Nouveau-Brunswick!) à remporter le Championnat national
masculin des clubs de M18.
Cette expérience en or est encore bien fraîche dans la  mémoire de Marco et
Philippe.
« On avait entendu parler que les Flyers ne remportaient  pas beaucoup de
matchs quand ils allaient à la Coupe TELUS et on a gagné  notre premier en
dominant un adversaire qu’on pensait vraiment fort »,  confie Philippe, qui
a amassé 11 points en 7 parties au tournoi.  « C’est là qu’on a pu voir
qu’on avait une chance. »

Au match d’ouverture des Flyers, Philippe  a marqué un but dans une
victoire convaincante de 5-1 contre les puissants  Hounds de Notre Dame,
qui avaient remporté cinq fois la Coupe TELUS.  (Hockey Canada Images)
En finale, ils avaient deux buts d’avance sur les
Cantonniers  de Magog, à seulement 1 min 04 s de compléter  un parcours parfait.
Mais
deux filets en 16 secondes d’Éli Baillargeon
ont forcé la tenue d’une prolongation.
« Après les deux buts de Magog, on était un peu  déçus, mais on s’est
regroupés dans le vestiaire avant la prolongation, et ça  nous a vraiment
aidés », poursuit Philippe.
Dès la première minute de jeu, le défenseur des Flyers  Jack Martin a reçu
une passe après avoir traversé la ligne bleue et a pris un  tir qui a battu
le gardien des Cantonniers
pour  semer l’hystérie chez les partisans et partisanes
qui avaient fait le voyage à Okotoks.
« C’est un feeling que je ne vais jamais  oublier de ma vie, je
n’ai jamais été aussi content, c’était vraiment spécial »,  décrit Marco,
qui a égalisé le pointage en milieu de deuxième période, moins de  huit
minutes après avoir vu Philippe inscrire le premier filet des Flyers.

Marco, au centre, pose fièrement avec la Coupe TELUS entouré de  Preston
Lounsbury à sa gauche et de Noah Matulu à sa droite. Marco avait dû
quitter la finale après avoir subi une blessure en fin de deuxième
période.
(Hockey Canada Images)
Le genre de sentiment que tout athlète d’une équipe  championne veut
revivre.
La chance de boucler la boucle
À la Coupe du centenaire, Philippe et Marco ont une  autre occasion de se
forger des souvenirs impérissables ensemble à la dernière  année de Marco au
hockey junior.
« Je ne veux pas trop penser que je vais jouer  mes derniers matchs juniors,
ma mentalité pour là est de faire le plus que je  peux dans le moment,
philosophe Marco. Mais il n’y aurait pas de meilleure  façon que de finir ça
en remportant un championnat national. »
Après un championnat de la saison régulière, un  parcours presque parfait en
séries éliminatoires devant des salles combles et l’obtention  du premier
rang du classement de la LHJC, il ne manque qu’une chose au Blizzard  pour
couronner une saison de rêve : la Coupe du centenaire.
« Tout au long de l’année, on a travaillé pour se  rendre-là », dit
Philippe, qui lui est admissible à revenir avec le  Blizzard pour une
dernière saison. « On est les favoris, on a terminé  premiers au Canada,
donc on ne va pas là juste pour vivre l’expérience. On veut  la gagner cette
coupe-là. »
« On va arriver confiants c’est sûr, on ne va pas  là pour
niaiser », conclut Marco, sourire en coin.