Originaire de Saint-Sauveur, Anaïs Leprohon ne semblait pas destinée à jouer
au hockey. Dès l’âge de deux ans, elle passait le plus clair de son temps en
famille à dévaler les pistes de ski de la belle région des Laurentides, au
nord de Montréal.
Mais il lui arrivait à l’occasion de troquer ses skis pour des patins.
Dehors, elle jouait des parties de hockey amicales avec des jeunes de son
quartier contre des équipes de villages voisins.
Et ses présences sur la glace passaient rarement inaperçues.
« Tout de suite, on a vu le talent qu’elle avait », confie son père Steve
Leprohon. « D’autres parents qui la voyaient jouer nous demandaient pourquoi
on ne l’inscrivait pas au hockey mineur. »
Le temps en famille sur les pistes était précieux pour les Leprohon.
« Ma conjointe et moi, on n’avait pas le goût d’aller à l’aréna tout le
temps et de mettre de côté le ski en famille, poursuit Steve. Mais un jour,
Anaïs a fait les démarches elle-même sur Internet pour nous montrer ce qu’on
devait faire pour l’inscrire au hockey. On s’est dit qu’avec la motivation
qu’elle avait, on n’avait pas trop le choix! »
Anaïs a fait ses débuts au hockey dans une petite ligue locale à
l’extérieur. Son équipe de Saint-Sauveur affrontait pour le plaisir des
équipes de villages voisins, comme Morin-Heights et Sainte-Adèle. Elle pose
ici avec sa grande sœur Ève-Laurie et son père Steve. (Photo fournie par :
Steve Leprohon)
Cette motivation et ce talent naturel ont propulsé Anaïs vers le haut à une
vitesse vertigineuse.
« J’ai commencé à jouer au hockey organisé avec les garçons quand j’avais 10
ans, en 2018 », raconte Anaïs, qui a eu 17 ans il y a deux mois. « Dès
l’année suivante, j’ai transféré au hockey féminin avec les Étoiles de
Laurentides-Lanaudières. »
Il faut comprendre que les Étoiles font partie de la Ligue de Hockey
d’Excellence du Québec (LHEQ),
qui regroupe les meilleurs clubs AAA de la province. Anaïs a gravi les
échelons de la structure jusqu’au sommet, étant surclassée à 14 ans pour
jouer avec les meilleures hockeyeuses de moins de 18 ans lors de la saison
2022-2023.
Aujourd’hui, elle représente encore fièrement les
Étoiles, qui se sont qualifiées pour la
Coupe Esso 2023. Ce tournoi national, qui bat son plein présentement à Lloydminster, en
Alberta, oppose cinq équipes féminines de M18 championnes de leur région du
pays et un club hôte. Les Étoiles ont obtenu leur laissez-passer en
remportant la
Coupe Chevrolet 2025.
« On a connu une bonne saison, mais on avait gagné une seule fois contre
l’Intrépide de l’Outaouais », explique la défenseure, qui a récolté 27
points en 23 matchs cette saison, dont 14 buts. « On a réussi à les battre
trois fois en trois matchs à la Coupe Chevrolet, dont en finale, où ça s’est
joué à la toute fin. »
Sur la glace du Centennial Civic Centre, Anaïs n’est pas en terrain inconnu.
Il y a deux ans, elle avait croisé le fer avec les meilleures joueuses de
moins de 18 ans du pays lors de la
Coupe Esso 2023. Les Étoiles avaient fini en cinquième place sur six équipes.
Cette année, Anaïs revient avec une approche bien différente.
À sa première présence sur la scène nationale, Anaïs a participé aux cinq
matchs de la ronde préliminaire à Prince Albert, en Saskatchewan. Les
Étoiles ont gagné deux de leurs cinq parties. (Hockey Canada Images)
« En 2023, j’ai aimé mon expérience, mais j’étais tellement stressée par
l’ampleur du tournoi et la présence de dépisteurs que je ne profitais pas de
chaque moment. Cette année, je veux vraiment prendre le temps d’avoir du
plaisir avec les filles. »
La présence d’Anaïs, avec le « C » sur son chandail à sa troisième année
avec cette équipe de M18, est un véritable cadeau pour le personnel
entraîneur des Étoiles, dont son père Steve fait partie à titre d’entraîneur
adjoint.
« Elle nous aide beaucoup pour passer des messages aux autres joueuses,
souligne Steve. On l’appelle notre leader silencieuse. Ce n’est pas elle qui
parle le plus, mais lorsqu’elle se lève au banc, les autres filles sont plus
portées à l’écouter. Et dès qu’elle embarque sur la glace, elle se donne
toujours à fond. »
Anaïs est bien consciente des responsabilités qui reposent sur ses épaules
pour ce tournoi.
« Je dois amener les filles à un autre niveau », explique celle qui fera le
saut au hockey collégial la saison prochaine avec les
Titans de Limoilou. « Je sais que certaines vont être stressées et je les comprends. On a une
équipe très jeune. Je veux juste les rassurer et leur faire profiter de mon
expérience acquise à ce niveau-là. »
Si Anaïs peut être cette présence tranquille au tournoi, c’est qu’elle
s’amène avec un coffre à outils immensément plus garni qu’il y a deux ans.
Une feuille de route bien remplie
Depuis sa dernière participation à la Coupe Esso, Anaïs a vécu des
expériences inoubliables sur les scènes nationale et internationale qui ont
forgé la joueuse qu’elle est aujourd’hui.
En à peine 14 mois, elle a porté les couleurs d’Équipe Québec à deux
reprises aux éditions
2023
et
2024
du
Championnat national féminin des M18 et a représenté le Canada au
Championnat mondial féminin des M18 2025.
Les deux expériences d’Anaïs au Championnat national féminin des M18 l’ont
bien préparée à son premier tournoi international en janvier dernier.
(Hockey Canada Images)
Si elle a vécu l’immense douleur de perdre deux fois par un seul but en
finale avec le Québec (les deux fois contre la puissante formation d’Ontario
Rouge), Anaïs a pu ressentir l’exaltation de gagner l’or avec l’équipe nationale féminine des M18 en Finlande. Quelques mois avant, elle avait vécu la déception d’être
retranchée de l’équipe au camp estival en vue d’une
série de trois matchs contre les États-Unis.
Ces expériences, au cours desquelles elle a une fois de plus côtoyé et
affronté des joueuses pour la plupart plus âgées, ont été très formatrices
pour Anaïs.
« J’ai compris que partout où tu vas, ça peut t’aider pour le futur,
philosophe-t-elle. Quand je suis arrivée avec Équipe Canada, je savais un
peu à quoi m’attendre grâce à mes participations avec Équipe Québec. Je
m’étais créé des habitudes qui m’ont beaucoup aidée au Mondial. »
Chloe Primerano (à gauche) et Anaïs (à droite) ont goûté à la gloire de
gagner la médaille d’or pour leur pays à l’issue d’un tournoi sans défaite
en six matchs. (Images on Ice / Temple de la renommée du hockey)
Il y a fort à parier que sa feuille de route sera encore plus imposante la
saison prochaine.
En novembre, Anaïs sera admissible à retourner une dernière fois au
National féminin des M18 2025, à Terre-Neuve-et-Labrador. Et en janvier 2026, elle pourrait porter à
nouveau les couleurs du Canada au
Championnat mondial féminin des M18 2026, en Nouvelle-Écosse. En terrain très connu, elle pourrait faire profiter
ses coéquipières d’un bagage relativement unique dans son sport.
Mais en attendant les beaux défis de la prochaine saison, Anaïs a des
objectifs bien clairs pour la Coupe Esso.
« Sur le plan personnel, je veux rendre mes coéquipières meilleures et jouer
mon meilleur hockey. Sur le plan collectif, atteindre le carré d’as serait
parfait, mais une médaille le serait encore plus! »