
Erika Grahm n’a que 23 ans et elle a déjà écrit l’histoire de sa vie.
Deux jours avant que cette attaquante suédoise ne mette le pied sur la patinoire à la Coupe des 4 nations 2014, elle a signé l’ébauche finale de son livre From Paralyzed to an Olympian (De paralysée à olympienne), qui sortira en Suède le 1er décembre.
À l’été de 2011, Grahm était en vacances en Grèce avec son copain, et au cours d’une séance de jogging en après-midi elle a ressenti une douleur au dos et aux fessiers. Quelques jours plus tard, le picotement s’était propagé à ses mains.
De retour chez elle en Suède, Grahm a mis de côté cet inconfort en le considérant comme le relent d’une vieille blessure dorsale et elle est retournée à la patinoire.
Deux semaines plus tard – après avoir cessé ses séances d’entraînement –, elle peinait à marcher.
« Je me cachais la vérité », précise Grahm. « Je ne voulais en parler à personne, car le faire aurait été reconnaître la réalité. »
À ce moment-là, elle souffrait d’intenses maux de tête et d���épuisement la gardant au lit jusqu’à 22 heures par jour. Se déplacer où que ce soit représentait pour elle une séance d’entraînement en soi, puisqu’elle arrivait à peine à placer un pied devant l’autre dans tous ses déplacements. Elle avait aussi perdu toute sensation du côté droit de son visage.
Elle finit par vivre huit semaines de va-et-vient dans un petit hôpital du nord de la Suède, au cours desquelles elle a subi une série d’examens amenant les médecins à lui annoncer qu’elle souffrait de sclérose en plaques. Il n’a toutefois suffi que de trente minutes à un spécialiste d’un grand hôpital pour renverser ce diagnostic; Grahm a finalement pu mettre un nom sur ce qui avait abruptement mis un frein à sa vie : elle souffrait du syndrome de Guillain-Barré, une affection par laquelle le système immunitaire attaque les nerfs et mène à la paralysie.
Elle a passé une semaine à l’hôpital branchée à une intraveineuse. De retour à la maison, quatre autres semaines lui ont été nécessaires pour redevenir à elle-même.
« Après une telle épreuve, un nouveau voyage commence, » souligne Grahm, qui avait perdu presque sept kilos de masse musculaire. « J’étais un vrai gâchis, mais je n’avais qu’une idée en tête : je serai de retour. Le jour de ma sortie de l’hôpital, j’ai noté dans mon téléphone : voilà, c’est parti. Je serai de retour. »
Elle s’est entraînée quotidiennement avec un des entraîneurs de l’équipe nationale pour reprendre des forces. Avec des objectifs à court et à long terme à l’esprit, elle était déterminée à faire un retour sur la patinoire.
« J’étais jeune et je sentais que j’avais encore plusieurs années de carrière devant moi », souligne-t-elle, « mais les Olympiques de 2014 représentaient un but, parce qu’en 2010 j’avais été la dernière joueuse à être retranchée de la formation. »
Grahm a rechaussé ses patins après seulement quatre semaines de son congé de l’hôpital. Elle a pris la main de son copain et l’a laissé la guider autour de la patinoire.
« Ça me semblait étrange comme sensation, et je me sentais si lourde », dit-elle. « J’avais l’impression que mes patins étaient sous la glace. »
Il lui aura fallu quatre autres semaines avant de se sentir à l’aise.
« Je ressentais de la frustration de ne pas pouvoir y aller, mais dans ma tête j’étais toujours la même joueuse de hockey. »
Grahm a rejoint son équipe de club MODO Hockey au début de la saison 2013-2014, mais n’a pas joué dès le départ. Le nouvel entraîneur de l’équipe qui en était à ses débuts dans le hockey féminin n’avait jamais vu jouer Grahm, mais il avait entendu parler d’elle.
« Avant de tomber malade, j’étais capitaine de mon équipe », précise Grahm. « Et (mon entraîneur) m’a confirmé que j’allais l’être (à nouveau), ce qui représenter quelque chose de familier pour moi. »
Son plus important tour de force n’était pas de reprendre sa forme physique. Les complications, nous avoue Grahm, se situaient dans sa tête. Elle a rencontré un entraîneur en préparation mentale une fois par semaine.
« Il m’a aidée à comprendre que j’étais la même joueuse, même si dans mon corps je n’étais plus la même joueuse », confie-t-elle. « J’allais devoir faire preuve de patience. »
Grahm joue non seulement pour MODO, mais elle travaille aussi au bureau de l’équipe auprès des commanditaires. Une journée, voulant en apprendre davantage sur le hockey féminin, elle a envoyé un courriel à tous les clubs du district.
« Le hockey féminin est un petit monde en Suède », remarque-t-elle. « Nous ne sommes que 3 000 joueuses, donc toutes les filles jouent avec des garçons. Je l’ai fait jusqu’à 16 ans. »
Elle a mis sur pied Futur féminin de MODO, un projet qui regroupe jusqu’à 60 filles âgées de six à douze ans s’entraînant une fois par mois. Ses coéquipières se joignent à elle quand elles le peuvent. C’est une formidable occasion non seulement pour les jeunes filles de jouer en équipe, soutient-elle, mais aussi de rencontrer des femmes qui ont poursuivi vers le hockey compétitif à des niveaux plus élevés.
Grahm concourra elle-même contre les meilleures joueuses du monde cette semaine à la Coupe des 4 nations se tenant à Kamloops, C.-B. La joueuse que les partisans verront cette semaine sur la patinoire n’est pas différente physiquement de celle qu’ils ont pu observer à Terre-Neuve et Labrador en 2010, la dernière fois où l’événement s’est tenu au Canada. Mais la personne que nous rencontrons hors glace est très certainement différente.
« Je suis plus heureuse », lance-t-elle. « Je suis reconnaissante pour tout. Lors de ma maladie, j’étais dans un état où je me demandais : qu’est-ce qui m’arrive? Je suis tellement heureuse de pouvoir à nouveau vivre ma vie. »
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Jeremy Knight
Responsable, communications organisationnelles
Hockey Canada
(647) 251-9738